samedi 8 janvier 2011

Mingaltai, trois enfants, demandeuse d'asile, morte d'avoir trop erré

 
 
Une Mongole, mère de deux enfants, est décédée ce lundi à Rennes. Malade et enceinte, Mingaltai a vécu "deux mois de galère" selon ses proches. L'association Droit au logement dénonce le manque de soutien des institutions.
Ils sont une trentaine. La mine grave. Ces Mongols se sont regroupés ce vendredi dans le salon d’un appartement de l'avenue de Pologne, à Rennes. Au coin de la salle, une urne funéraire trône. Plus loin, quelques bougies entourent une photo de Mingaltai, 34 ans, demandeuse d'asile, mère de deux enfants de 2 et 13 ans et d'un nouveau-né.
La jeune femme, enceinte, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi, à l’hôpital Sud de Rennes des suites d'une longue maladie. Son corps a été incinéré à Montfort-sur-Meu ce vendredi. Son bébé a pu être sauvé. Il est né prématuré à six mois.

En marge de la cérémonie, ses amis ont tenu à expliquer les conditions du décès de Mingaltai, hospitalisée le 29 décembre. La communauté mongole rennaise est « sous le choc ».
"A Rennes, elle a vécu deux mois de galère"
Dzula, Rennaise depuis six ans, traduit les propos des amies de Mingaltai : « Nous voulons médiatiser cette histoire parce que les gens doivent savoir ce qui se passe. Les Pays-Bas ont expulsé Min et ses enfants alors qu’elle était malade. Nous pensons même que c’est ce qui a motivé son expulsion. Elle est alors venue en France, pensant arriver dans le pays des droits de l’Homme. Ici, elle se croyait en sécurité… »
Condamnée avant d'arriver en France, selon les dires des médecins rapportés par les proches, Mingaltai a finalement vécu « deux mois de galère ». Armelle, militante de l'association Droit au logement (Dal 35), raconte les dernières semaines de Min : « Elle s'est déclarée en préfecture comme demandeuse d’asile en novembre. Elle a alors reçu une convocation pour un rendez-vous deux mois plus tard... En attendant la date de son entretien, elle n’avait aucun droit, aucune aide… » 
Elle a dormi à la rue
Le Dal pointe aussi l’attitude de la municipalité : « Nous nous sommes présentés avec Min et ses deux enfants en mairie, début décembre. Nous sollicitions une chambre d’hôtel ou un abri. L’élue de permanence a refusé de bouger... » A en croire ses proches, la mère de deux enfants a donc erré, deux mois durant, d’hébergement d’urgence en hébergement d’urgence. Elle aurait parfois dormi à la rue lorsqu'un membre de la communauté mongole ne pouvait l'héberger.

Dulam, une Mongole ex-squatteuse de la rue Postel, explique que « Min était de plus en plus fatiguée. C’était une mère de deux enfants, enceinte, qui ne cessait de courir dans Rennes pour trouver un toit. »
Le mari de Mingaltai, actuellement aux Pays-Bas, cherche à rejoindre la capitale bretonne. En attendant son arrivée, Dulam devrait s’occuper des enfants sous la surveillance des services sociaux locaux.

auteur : Benjamin Keltz
Aricle du Mensuel de Rennes

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