Mercredi matin, plusieurs familles jusque-là inconnues des réseaux militants ont rejoint la liste des demandeurs d’asile en attente d’hébergement, un document transmis chaque semaine à la préfecture par la ville de Rennes. Les migrants qui se sont retrouvés à la rue le jour même ont été relogés en urgence dans les «réquisitions» déjà surpeuplées du DAL 35. Dans la soirée, une lettre ouverte au préfet a été publiée par l’association.
Plus de 130 étrangers, parmi lesquels une quarantaine d’enfants, de
personnes malades ou handicapées, se sont présentés le 21 mars à l’hôtel
de ville pour rencontrer l’élu de permanence, accompagnés par des
membres du DAL (Droit au Logement). «On a beau être habitués, là c’est une catastrophe, on sent de plus en plus de détresse chez les migrants»,
observe Michel, un militant qui se rend depuis deux ans à ce
rendez-vous hebdomadaire. Cette semaine, une cinquantaine de personnes
sont venus s’ajouter aux dizaines de demandeurs d’asile déjà soutenus
juridiquement par l’association.
Cette recrudescence du mal-logement chez les migrants inquiète beaucoup
le DAL, car elle survient avant la fermeture des places supplémentaires
prévues par le plan grand froid, qui prend fin le 31 mars. Faute de
place au 115 ou de proches prêts à les accueillir, les demandeurs
d’asile doivent se résoudre à dormir en squat, dans une voiture, ou
parfois à même le trottoir. «A leur place, nous ne tiendrions pas», souligne le militant du DAL, «mais eux, ils n’ont pas le choix».
Pour l’association, la préfecture cherche à se dégager de ses
responsabilités en laissant les étrangers à la charge des associations
et des collectivités, ce qui a pour effet de les «cacher» aux yeux des
statistiques officielles.
Lors d’une conférence de presse
en novembre dernier, le préfet lui-même avait admis que l’action du DAL
contribuait à soulager temporairement le problème. Tout en condamnant
la méthode des «réquisitions».
L’accueil des migrants n’étant pas de son ressort, la ville n’a pu
quant à elle que réaffirmer son soutien aux migrants via le plan Coorus, financé conjointement par la municipalité et l’Etat.
Pas de solution en cas d’expulsion
Le DAL 35, qui loge déjà plus de 250 personnes dans une dizaine de
logements vacants sur Rennes Métropole, doute de pouvoir continuer
longtemps à ce rythme. «Les réquisitions sont pleines, les gens doivent accepter de se tasser»,
déplore Michel, qui ne peut que constater les tensions dues au manque
de place et au désarroi des migrants. Ces derniers préfèrent cependant
rester dans ces occupations illégales, en dépit du risque d’expulsion,
plutôt que d’accepter un hébergement d’urgence souvent situé en
périphérie de la ville-centre et de ses services. Quand ce n’est pas à
l’autre bout du pays, lorsqu’il s’agit de places en CADA (Centre
d’accueil pour les demandeurs d’asile).
D’autant plus que le transport est rarement défrayé : selon une
militante, une famille de 4 personnes qui se voit attribuer un logement à
Bain-de-Bretagne doit dépenser 24€ pour un aller-retour à Rennes, alors
qu’elle perçoit une allocation équivalente à 21€ par jour. Ce qui pose
d’importants problèmes, en particulier en terme de scolarisation des
enfants, la priorité numéro un des parents étrangers. De nombreux
témoignages recueillis par le DAL font également état de conditions
d’accueil indignes dans les hôtels proposés aux demandeurs d’asile en
attente d’une place en CADA. En hiver, certains migrants passent ainsi
la nuit au 115, puis retournent la journée dans les réquisitions, mieux
équipées pour les besoins du quotidien.
Le sursis accordé pendant l’hiver aux réquisitions du DAL touche à sa
fin, et l’association craint d’être bientôt débordé. Dans une «énième lettre au secrétaire générale de la préfecture», elle a demandé des solutions pour les personnes le plus vulnérables, à commencer par des «logements pérennes» les familles avec enfants et les malades. Invoquant la réserve électorale, la préfecture n’a pas souhaité communiquer à ce sujet.
Olivier Roth - 24 Mars 2012 - RennesTV.fr
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