vendredi 1 juin 2012

Appropriation collective


01 Juin 2012 Par communistes-unitaires 

Cela fait 3 ans que le Dal 35 organise des réquisitions à Rennes et autour de Rennes, et met à l'abri, au moins provisoirement, demandeurs d'asile et personnes sans papiers, dont des femmes enceintes, des enfants et des nouveaux-nés, des familles entières, des femmes et des hommes isolés, la plupart avec des parcours de vie difficiles pour ne pas dire douloureux.
Les structures d'accueil des demandeurs d'asile et les structures d'hébergement d'urgence existantes sont totalement insuffisantes au regard des besoins. Les travailleurs du 115 sont submergés d'appels, au point de renvoyer vers le Dal les personnes auxquelles ils ne peuvent plus apporter de réponses. Chaque semaine, entre 100 et 200 personnes sans abri se présentent à la permanence de la mairie de Rennes pour signaler leur situation.
Il est des situations d'urgence où il est inconcevable d'attendre un changement politique. En faisant ces réquisitions, les militants du Dal se donnent le pouvoir de répondre temporairement aux besoins de logement. Ils en organisent même l'auto-gestion.
Peu d'élus soutiennent ces actions de réquisition. Pourtant, quand les salariés occupent une usine pour en empêcher la délocalisation, ils ont souvent le soutien de nombreux élus de gauche. Récemment, les Fralib ont même reçu la visite du ministre du Redressement productif.
Depuis des mois, nos élus locaux renvoient la question du logement au préfet, pointant dans le même temps les conséquences de la politique du gouvernement Sarkozy. Ils n'ont pas tort puisque celui-ci n'a eu de cesse de réduire les moyens pour l'hébergement d'urgence et l'accueil des demandeurs d'asile, qui deviennent la plupart du temps des personnes sans papiers, l'asile n'étant accordé qu'à une très petite partie d'entre eux.
Que vont faire ces mêmes élus locaux de gauche maintenant que le gouvernement a changé de majorité?
La plupart des réquisitions finissent en expulsion et l'absence de solutions pérennes devient de plus en plus insupportable.
Nous avons tous droit à un logement que l'on soit demandeur d'asile ou non, que l'on soit étranger ou non.
Réquisitionner des logements vides, construire ou rénover des logements, pour que ce droit soit effectif, c'est investir pour le bien-être de tous, plutôt que dilapider les richesses en rémunération d'actionnaires ou en spéculation. Et c'est de l'économie qui permet de répondre aux besoins humains.
Porter ces exigences jusque dans les institutions comme l'Assemblée nationale, c'est ce que nous attendons de nos élus, des élus partenaires des luttes, et particulièrement quand celles-ci sont porteuses de l'exigence d'égalité des droits pour toutes et tous. En cette période d'affrontement avec le FN et les idées d'extrême droite, c'est salutaire.
Pour que la plus grande réquisition de France ne deviennent pas la plus grande expulsion de France.
Sylvie Larue

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