Au collège des Hautes-Ourmes, où sont scolarisés quatre jeunes migrants résidant au squat de Pacé, la menace d'une expulsion prochaine du squat inquiète les professeurs.
Témoignage
Géorgien, Mongolien, Tchétchènes, ces quatre adolescents sont scolarisés depuis quelques mois au collège des Hautes-Ourmes, au Blosne. Ils ont entre 12 et 14 ans.
Avec leurs parents, frères et soeurs, ils habitent au squat de la résidence du Parc, à Pacé. « Mais nous sommes très inquiets, face aux menaces d'expulsion de ce squat, s'indigne Yann Bourhis, professeur de mathématiques. Que vont-ils devenir ? Seront-ils à la rue, alors que l'hiver arrive ? »
Une inquiétude d'autant plus grande que, ces dernières années, d'autres élèves du collège ont subi ce même sort. « Il y a déjà eu l'expulsion d'un gros squat en novembre 2010 », rappelle Armelle Bounya, militante du Dal 35 (Droit au logement).
« On accueille ces jeunes, ils s'adaptent bien, s'intègrent auprès des autres élèves, apprennent le français et un beau jour, on ne les voit plus », témoigne Jessica Gaines, professeur de la Cla, une classe d'accueil pour jeunes nouvellement arrivés en France et ne maîtrisant pas la langue. « Mes élèves n'aiment pas dire qu'ils habitent au squat, ils me disent qu'ils viennent de Pacé. Je sais bien ce que cela veut dire ! »
Après ? Le 115...
Pacé, c'est la résidence du Parc, une maison de retraite désaffectée, squattée depuis mai dernier par 250 migrants et pour laquelle le juge a accordé, en juin dernier, un délai de quatre mois avant expulsion. Un délai qui expire le 15 novembre.
Après ? « Cela risque d'être le 115, le Samu social », redoute Armelle Bounya.Une situation d'autant plus difficile que, le nombre de places à Rennes « étant inférieur au nombre de personnes à la rue, ils peuvent être envoyés à Vitré ou Fougères, pour des périodes de trois jours », poursuit Armelle Bounya.
Des solutions d'urgence et provisoires, entraînant des frais de déplacements « à la charge du Samu social, et autant de jours pendant lesquels les adolescents sont déscolarisés ».
Contactée, la préfecture indique qu'« à l'heure actuelle », elle ne peut « répondre aux questions relatives au squat de Pacé, dans la mesure où le Préfet n'a pas été saisi par huissier d'une demande de recours à la force publique pour une éventuelle expulsion qui, de toute façon, ne pourrait intervenir qu'après le 15 novembre, suite à une décision de justice ».
Pour l'un des collégiens et sa famille, venant d'obtenir le statut de réfugiés, la prochaine étape sera l'obtention d'un logement, « on espère que cela pourra se faire rapidement, avant l'expulsion du squat ». Mais pour d'autres dont les parents viennent de déposer un dossier de demande d'asile, l'hiver risque d'être compliqué.
« Qu'importe leur situation, cela fait mal au coeur, c'est tellement dur d'avoir des enfants à la rue, c'est une catastrophe ! martèle Yann Bourhis. Ce qui nous inquiète, c'est l'inhumanité de cette mesure d'expulsion. »
Brigitte SAVERAT-GUILLARD, Ouest-France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire