Billet d'humeur
Le DAL35 occupe depuis le 5 mai 2012 les locaux actuellement vacants de la Résidence du Parc à Pacé, permettant ainsi l'accueil de demandeurs d'asile récemment expulsés de leurs hébergements rennais.
Le DAL35 occupe depuis le 5 mai 2012 les locaux actuellement vacants de la Résidence du Parc à Pacé, permettant ainsi l'accueil de demandeurs d'asile récemment expulsés de leurs hébergements rennais.
L'indignation de "la commune" de Pacé face à cette occupation n'aura pu échapper à personne : communiqué de presse et lettre au Préfet ont été largement, et lourdement, repris dans la presse locale et dans tous les supports de communication municipaux, incitant ainsi les Pacéens à partager cette indignation.
Les élus de la minorité pacéenne, exclus, comme à l'accoutumée, de la réflexion menée par la majorité sur cet évènement, et évidemment non associés à la rédaction de ces deux textes, ne peuvent en être solidaires, et dénoncent l'amalgame entretenu par le maire sous le vocable "la commune".
Un communiqué de presse à paraître résume notre position.
Il paraît utile de dénoncer quelques contre-vérités :
- l'intrusion ne s'est pas faite avec effraction ; les militants du DAL sont suffisamment rompus aux subtilités de la loi pour savoir éviter tout acte susceptible de provoquer leur expulsion immédiate.
- les insinuations lues dans la lettre au Préfet sont offensantes : les militants du DAL ne poursuivent pas d'autre objectif que celui d'apporter un soutien fraternel à des hommes et des femmes à une période de leur vie où ceux-ci sont particulièrement fragiles et menacés. Ils le font sans en tirer aucune gloire ou avantage matériel, mais bien au contraire en payant de leur personne, et souvent même de leur vie de famille.
Ils ne sont évidemment pas responsables des filières d'immigration, et laissent à la police le soin de faire son travail.
- les occupants de la résidence ne sont pas des hors-la-loi. Ils sont en situation régulière sur le sol français. Beaucoup ont été torturés, sont évadés de prison, leurs familles ont été assassinées, certaines femmes ont été forcées à se prostituer, d'autres sont rescapés de pogroms... Ils ont affronté tous les dangers pour arriver en France. Dans l'attente de l'examen de leur dossier, ils attendent juste que le préfet leur fournisse un logement comme il est tenu de le faire.
Nous préfèrerions que les inquiétudes manifestées lors du CM du 21 mai concernent en priorité la situation critique dans laquelle se trouvent ces hommes, ces femmes, ces enfants.
Rappelons que le droit au logement est inscrit dans la loi française, et figure dans la déclaration universelle des droits de l'homme.
Nous ne pouvons soutenir a priori des actions illégales, telle l'intrusion dans la propriété d'autrui, mais nous pouvons comprendre que face à l'incurie des pouvoirs publics, le DAL prenne les initiatives qui permettent de répondre aux situations d'urgence des migrants.
Il est donc étonnant que le maire de Pacé s'offusque d'avoir été "mis devant le fait accompli", alors que les demandes au Préfet restent sans réponse. Qui peut imaginer qu'une demande poliment adressée à la commune de Pacé ou à la SA Les Foyers aurait été couronnée de succès ?
Il est choquant d'entendre le maire qualifier d'intolérable la situation dans laquelle se trouverait aujourd'hui la Résidence du Parc et la commune de Pacé. La seule situation intolérable pour l'heure est celle dans laquelle se trouvent des dizaines de familles avec enfants, femmes enceintes, handicapés, personnes âgées, condamnées à la rue si personne ne leur vient en aide.
Le 115, numéro d'urgence auquel les migrants doivent s'adresser, est dans l'incapacité de répondre aux demandes, et, en désespoir de cause, leur conseille de s'adresser … au DAL !
Il est indécent de chercher à dresser des populations les unes contres les autres en faisant croire que l'occupation d'aujourd'hui se fait au détriment d'autres utilisations prévues très prochainement, et dont les bénéficiaires potentiels seraient dès lors privés. L'argument du projet imminent que l'action du DAL va faire capoter est un classique, heureusement au tribunal évoquer des projets ne suffit pas, il faut produire des preuves.
Si ces projets sont dans un tel état d'avancement, comment se fait-il que les élus de l'opposition n'en aient pas entendu parler au sein des instances municipales ? En aurions-nous voté les budgets à l'insu de notre plein gré ?
Heureusement sur le territoire de Rennes Métropole toutes les communes ne réagissent pas de cette façon : certaines ont montré un visage beaucoup plus humain, collaborant avec le DAL pour élaborer les alternatives les plus satisfaisantes possibles. A Pacé, non. Pourquoi ?
Enfin la démesure des réactions du maire face à la situation ne manque pas d'interpeller.
Que signifie cette violence qui suscite l'incompréhension jusque dans la population pacéenne ? Le maire met opportunément en avant son projet de CADA ; est-il à ce point contrarié que des militants des droits de l'homme, plus aguerris que lui sur l'urgence de la situation des demandeurs d'asile, lui aient ainsi grillé la politesse ?
Pourquoi encourager ainsi la défiance vis-à-vis de l'étranger, qui pourrait menacer nos biens et notre tranquillité ? Est-ce pour mieux se poser en garant de l'ordre et de la sécurité ?
En ces temps de campagne électorale, est-ce là le cheval de bataille que l'UMP locale a choisi d'enfourcher ? Nos élus UMP ont la mémoire courte : ne se souviennent-ils pas que ces thèmes n'ont guère porté chance à leur candidat à l'élection présidentielle ?
Monsieur Rouault, premier adjoint, et candidat aux législatives, était invité lundi soir à Romillé à participer à un débat supposé réunir tous les candidats aux législatives de notre circonscription ; il a décliné pour cause de conseil municipal "très important".
Les Pacéens pourront le vérifier, il n'y avait rien de très important à l'ordre du jour de ce conseil, à moins que Monsieur Rouault – bien informé des intentions du maire – n'ait estimé très important d'être à ses côtés pour apporter son soutien au courrier au Préfet.
Pendant ce temps-là, à Romillé, d'autres candidats aux législatives confrontaient leurs propositions sur quelques questions très mineures semblerait-il : l'agriculture, l'énergie, les transports, … le logement ... !
Les Pacéens, également électeurs de la circonscription, apprécieront.
En conclusion on ne peut que :
· Etre satisfait que, par son action, le DAL ait permis la mise en lumière des intentions de la mairie concernant les bâtiments de la Résidence du Parc, ainsi que l'état d'avancement supposé des dossiers.
· Exprimer notre profond respect pour l'énorme travail des militants du DAL, ainsi que notre reconnaissance aux Pacéens qui se sont mobilisés dès qu'ils ont eu connaissance de la situation, et tout particulièrement l'association de solidarité locale bien connue, son président et ses membres actifs, dont le dévouement est toujours exemplaire.
· Remercier les Pacéens qui, par l'expression de leur incompréhension face aux déclarations du maire, légitiment cette prise de position publique.
Les Pacéens peuvent continuer d'apporter leur aide aux migrants. Ils seront bien accueillis. Les demandeurs d'asile ne sont ni des vandales, ni des criminels. Réfugié politique, réfugié climatique, sanitaire, nucléaire …? Le demandeur d'asile, c'est peut-être vous ou vos enfants demain.
25 mai 2012
Régine FERRON
Conseillère municipale et citoyenne du monde
Voir reportage sur RennesTV.fr :
Inauguration de la plus grande réquisition du DAL en France
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